La colère des enfants

24 Avril 2008 , Rédigé par Guillemette Baffert Publié dans #Education non-violente

Samedi 12 avril j'ai proposé une réunion de parents sur le thème de la colère des enfants.

J'avais relu pour l'occasion le passage du livre d'Isabelle Filliozat Au coeur des émotions de l'enfant que j'ai vraiment trouvé juste. Ce livre est disponible partout, en poche, et il est vraiment très utile pour se rendre compte de ce qui se joue lorsque l'enfant vit une émotion.

Ce qui est le plus important à mon avis, c'est de comprendre que la colère est une émotion saine, qui apparait en réponse à une frustration de l'enfant, et qu'en tant que réaction normale, elle doit être respectée et entendue.

Ce qui est alors un challenge pour les parents, vu que la plupart du temps nous avons appris à refouler nos colères car "t'es pas beau quand tu pleures" ou "tu es vilain quand tu es en colère".

En effet, il est difficile d'accepter la colère de son enfant, car c'est bruyant, parfois démesuré, et cela réactive souvent beaucoup de chose en nous, des choses douloureuses.

Pourtant, je trouve qu'il ne faut en aucun cas laisser l'enfant seul "le temps qu'il se calme" avec sa colère, car c'est difficile pour l'enfant de gérer cette émotion, il a d'autant plus besoin de la présence et de l'accompagnement de l'adulte pour ne pas se sentir encore plus en difficulté voire abandonné.

L'autre chose qui m'a paru importante, c'est qu'il ne faut pas confondre colère et violence. Autant il est important d'entendre et d'accepter la colère de son enfant pour qu'il puissese sentir entendu en sécurité et dépasser cette émotion pour avancer, autant il est primordial d'interdire toute violence de l'enfant envers autrui ou envers lui-même. Enfin, si la non-violence est une valeur et une règle chez vous...

Mais ce n'est pas toujours facile d'interdire la violence sur un tout petit. Il se débat, il mord parfois, il donne des coups de pied... et pourtant, il est utile de lui expliquer dès le début que ce n'est pas acceptable, tout en restant à ses côtés pour ne pas "l'abandonner" et en le prenant dans les bras dès que c'est possible. Cela rassure la grande majorité des enfants et leur permet de se détendre. Le mouvement associé au contact physique est souvent très efficace pour évacuer les tensions de l'enfant (une promenade énergique l'enfant en porte-bébé ou dans les bras).

Les causes des colères sont diverses, l'enfant est en colère contre lui-même car il n'a pas su faire ce qu'il souhaitait, en colère contre une autre personne qui l'empêche de faire ce qu'il veut, ou en colère pour "une broutille" qui n'est en fait que la goutte d'eau qui fait déborder le vase après une journée bien remplie en émotions et découvertes, quand l'enfant a faim/soif, a froid/chaud ou a besoin de dormir.

Sur les différentes colères, j'ai beaucoup aimé l'article paru dans L'enfant et la vie n°153 intitulé La colère de l'enfant qui est le compte-rendu de la conférence de C. Belargent, psychologue, réalisé par Frédérique Beddeleem, pour L'enfant et la Vie lors des "jeudis de la petite enfance" de Lambersat (juin 2007).

Comment gérer les colères? j'ai trouvé un article intéressant d'après Filliozat sur le site de l'association Graine de Vie. Je vous invite à le lire si vous n'avez pas le livre de Filliozat facilement accessible.

Une dernière chose, Isabelle Filliozat, et d'autres, proposent d'évacuer la colère en tapant sur un "coussin à colère", en criant très fort dans une pièce précise, en lançant des cailloux sur le mur... L'idée est que ça aide l'enfant à évacuer. Une autre étude qui a lieu en ce moment indiquerait au contraire que plus l'enfant pourrait faire sortir bruyamment et physiquement sa colère, plus ça l'exciterait et plus ça entretiendrait sa colère.

Bon, une fois encore, il n'y a pas de solution miracle, de façon unique de faire, je vous invite surtout à vous centrer sur votre enfant, d'entendre ce qu'il a à dire, de l'entourer si c'est possible physiquement, et il y a fort à parier que votre présence authentique sera déjà incroyablement apaisante pour l'enfant. Comme il est dit dans cet article de L'enfant et la Vie, "Le parent doit garder à l'esprit que c'est la manifestation de la colère qui lui est difficile et non son enfant". Cela permet d'être réellement présent à son enfant. C'est sans doute ce dont il a le plus besoin à ce moment là.

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Puech

10/05/2008 22:46

J'aime bien ce que tu écris sur la colère, et j'ai l'impression de partager ton point de vue.Je voudrais compléter ton avant-dernier paragraphe.Isabelle Filliozat, dans son stage de grammaire émotionnelle, distingue l'émotion de colère et le sentiment de colère.Pour elle, une émotion se décharge en moins de 10 minutes; un sentiment, plus tu l'exprimes, plus tu le renforces. Un sentiment est un mélange de plusieurs émotions. Lorsque chacune des émotions en cause a été exprimée, le sentiment de colère n'a plus lieu d'être. Il est donc possible que Filliozat et cette étude ne soient pas en contradiction.

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sandrine

27/04/2008 00:33

Une fois de plus, ton article fait écho à mes interrogations du moments :-). En cas de frustation insupportable, Aurélien, 2 ans, pousse des cris très perçants. Moi, je subis ça comme une violence physique, violence dont je crains les séquelles physiques bien plus que celles d'un coup. Lui, je ne pense pas qu'il puisse, bien qu'il parle déjà très bien, exprimer autrement sa colère, ni que ce soit souhaitable de lui demander actuellement de le faire. Alors ????Ce matin, il grimpait sur moi, ce qui le faisait rire et pousser des cris de jubilation très près de mes oreilles. J'ai attrapé des protections auditives pour continuer cette amusante activité sans inconfort. J'essayerai aussi quand il crie de colère...C'est très difficile qu'Aurélien réussisse à se reposer avant d'avoir atteint un état de fatigue où le moindre Légo qui se déboîte crée une frustation insupportable. Des pistes ?Merci Guillemette pour ton article.

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